« T’AS PAS LE DROIT D’ÊTRE LÀ, DEVANT MOI ! »

Nous allons entrer dans le temps du carême. Et chaque dimanche, l’évangile nous présentera Jésus : Un Jésus qui fait face à l’Esprit du Mal, un Jésus au visage de Lumière, un Jésus accueillant la Samaritaine, puis l’aveugle-né, un Jésus remettant debout son ami Lazare… À notre tour, n’ayons pas peur de nous tenir là, devant Lui. Il ne détournera pas son regard ! C’est cela le Carême. Non pas tant le moment de regarder le sol, honteux de notre péché, mais le moment de regarder
face à face Celui qui vient nous sauver.

Entendu un matin à la radio, ce témoignage d’un jeune issu de l’immigration. Après avoir dit ses souffrances et ses espoirs, il fait part de la réflexion d’un « vieux » : « T’as pas le droit d’être là, devant moi ! » On aurait pu imaginer qu’une telle remarque déclenche chez lui une réaction de défense, voire de violence… Il n’en a rien été : « Je veux lui prouver que je peux avoir une belle vie, plus réussie que la sienne ! » Et j’ai pensé aussitôt aux rencontres de Jésus dans l’évangile. Les aveugles, les boiteux, les lépreux, les estropiés, avaient-ils « le droit d’être là, devant lui » ?

La société du temps les en empêchait mais ils bravaient les interdits ! Ils savaient qu’ils trouveraient en Lui l’accueil espéré.
Le regard de Jésus ne ressemblait pas à celui des bien-pensants. Puissions-nous laisser à ceux et celles qui sont différents de nous, spécialement les plus fragiles, « le droit d’être là, devant nous »… Leur dignité est inaliénable ! S’ils sont « devant nous », ce n’est pas pour que nous détournions notre regard.

Bruno DEROUX